Quand tout marche sur la tête, tenez bon la rampe

Les tabous les mieux établis ne résistent pas quand le système marche sur la tête. Quand il est question d’accorder une prime à ceux qui travaillent, tournant le dos à la diminution du « coût du travail » ; quand la valeur refuge de l’or baisse au lieu de monter, ou quand Boeing décide de ne plus verser de dividendes ; ou encore lorsque il est demandé aux grandes entreprises de ne pas se ruer sur les liquidités des banques centrales comme si c’étaient de vulgaires supermarchés.

Autre temps, autres mœurs

Les milliards valsent, mais seront-ils suffisants ? Ce qui était un doute devient une certitude, c’est non ! Il est enregistré que la BCE a repris la main, mais il va falloir la garder le temps passant. Les métaphores guerrières destinées à rassurer et assurer les faux-semblants sont de sortie. L’un parle de son « bouclier », l’autre de la « bombe » que représenterait l’activation du Mécanisme de stabilité européenne (MES), d’autres encore font état des « munitions illimitées » de la banque centrale. Et le gouvernement français tente de contenir la chute de l’activité économique en créant une … Lire la suite

« Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien » (Montaigne)

La plus grande incertitude règne depuis qu’il a été reconnu par les plus lucides qu’un nouvel épisode aigu de la crise déclenchée en 2008 était en cours. Avec comme seul recours de se raccrocher à l’idée qu’il sera de courte durée, en « V », comme les dirigeants des banques européennes en ont exprimé la certitude prématurée lors d’une conférence à Londres. Signe du désarroi qui s’est emparé pourtant des meilleurs esprits, certains dénoncent le retour au « dirigisme », pris à contrepied par l’avalanche de mesures gouvernementales et l’utilisation du mot honni de « nationalisation » (*) !

Dynamiques du délitement européen

Que va-t-il advenir de l’Europe à force de s’arc-bouter sur la rétention budgétaire ? Bonne fée des banques, la BCE protège la monnaie commune et soulage les budgets nationaux en pesant sur les taux obligataires, un pis-aller qui rencontre ses limites. Et les petits accommodements complices destinés à réduire les déficits et l’endettement n’ont que des effets marginaux. Oui, sur quoi cela va-t-il déboucher ?

Macron accroché à son pari perdant

En s’engageant dans la voie de réformes répondant aux canons de beauté des autorités allemandes, le président français espérait obtenir en retour les moyens de favoriser la relance de l’économie européenne. Or elles ont adopté une autre ligne de défense, en faveur de leur propre économie, afin de ne pas être financièrement entraînées dans la crise des autres. La recette en est simple : elles pratiquent l’union et excluent la solidarité.

Le désendettement, un débat mené à reculons quand il devient inévitable

Le débat clé sur le meilleur moyen de réduire l’endettement massif rejaillit à propos de l’Italie après être réapparu en Grèce. On sait qu’il n’y a pas trente-six mille manières d’y parvenir, une forte inflation et une forte croissance étant les préférables. Par défaut, il ne reste que le réaménagement de la dette, et dans les cas ultimes sa restructuration. Mais, longtemps monnaie courante, cette dernière option est devenue un interdit, au nom des intérêts supérieurs du système financier.

À nouveau de vilaines cachoteries

Les ambitions européennes d’Emmanuel Macron continuent de se réduire comme peau de chagrin. Le projet de taxation des GAFA défendu par Bruno Le Maire, le ministre français des Finances, ne va voir le jour qu’une fois inclue une  « clause d’exclusion » qui le rendra caduc lorsqu’une « solution internationale » au niveau de l’OCDE, et non plus seulement européen, sera adoptée. C’est le prix à payer, a-t-il reconnu pour convaincre les récalcitrants au sein de l’Union, dont l’Irlande qui a déroulé le tapis rouge fiscal aux GAFA.